Les marionnettes de la mémoire

Photo d'Herman Helle (DR)
Photo d'Herman Helle (DR)

En écho au chapitre introductif d'histoire des Terminales (Historiens et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale) et au programme des Premières, voici une information enrichissante.

Il s'agit d'un spectacle de marionnette programmé au 104, à Paris, et réalisé par la compagnie néerlandaise  Hotel modern. Pari osé, pari réussi, celui de faire transparaître l'indicible sans passer par le témoignage historique ou la mémoire blessée des survivants.

 

Comment restituer l'ampleur de la barbarie nazie au théâtre ? Pour approcher au plus près la condition des déportés d'Auschwitz, Hotel Modern miniaturisent un camp de concentration peuplé de figurines au rictus münchien. La captation vidéo plonge ensuite le spectateur au cœur de la tragédie en marche, dans une reconstitution saisissante de la mécanique d'extermination hitlérienne (dixit la présentation du 104).

 

Une oeuvre décalée, à l'image de la bande dessinée Maus d'Art Spiegelman, mais une oeuvre qui donne sens. Comme le souligne l'article de Fabienne Darge paru sur le site du Monde :


"Le spectacle montre la machine de mort industrielle à l'œuvre, en une journée "ordinaire", si l'on peut dire, du camp. Le génie des trois animateurs de la compagnie, Herman Helle, Pauline Kalker et Arlène Hoornweg, c'est d'avoir trouvé, grâce à la marionnette, une forme de représentation à la fois véridique et abstraite, proche et distanciée. Autrement dit, qui peut susciter une forme d'identification retenue et réflexive, loin de toute émotion facile."