Chroniques de la haine ordinaire

Chroniques de la haine ordinaire*

* Titre emprunté à l’œuvre de Pierre Desproges (DR)

Dessin de Chappatte (Le Temps, 08/01/2015, DR)
Dessin de Chappatte (Le Temps, 08/01/2015, DR)

Alors que s'amorce une rentrée masquée par la 2ème vague virale. Une rentrée endeuillée par les commémorations en souvenir de Samuel Paty. Une rentrée noyées sous un flot constant d'informations numériques sans filtres.

Il semble important de pouvoir relever la tête et faire ce pas de côté qui doit nous permettre d'exploiter notre esprit critique pour comprendre et analyser cette période (voir l'article sur l'art de la zététique).

Revenir aux mots, à leurs définitions, revenir à la contextualisation des évènements et à la méthodologie du croisement des sources pour garder les idées claires dans ce contexte tourmenté.

C'est à tout cela que se rattache les cours donnés dans le Secondaire et le Supérieur. C'est à tout cela qu'invite les quelques données proposées ci-dessous.

 

La laïcité

 

Voilà un mot sur toutes les lèvres en cette rentrée des classes. Dans le Petit Robert, il s'agit d'un "principe de séparation de la société civile et de la société religieuse. L’État n'exerçant aucun pouvoir religieux et les Églises aucun pouvoir politique". Cette définition s'explique par le contexte français de sécularisation de la société voulue par la IIIe République et retranscrite dans la loi de 1905. Pour l'observatoire de la laïcité, conseil créé pour appuyer l'action du gouvernement sur ce sujet, la laïcité peut se résumer au schéma ci-dessous et à la charte de la laïcité. On peut compléter ce tour d'horizon en allant voir les différentes fiches pratiques proposées par ce même observatoire.

On peut aussi revoir la vidéo de Dessine moi l'éco intitulée : Laïcité : religion et législation font-elles bon ménage ?

La liberté d'expression

 

Autre notion au centre des débats récents, le dictionnaire nous la définit comme "l'absence de contrainte dans la pensée, l'expression, l'allure, le comportement. Indépendance d'un esprit qui n'est pas dominé par la crainte, par de préoccupations obsédantes ou encore par des préjugés, des préventions".

On la retrouve dans l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen parmi "les droits naturels et imprescriptibles de l'homme" : " La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi". Elle fait aussi l'objet d'un cadrage légal avec la loi sur la liberté de la presse de 1881.

Pour aller plus loin, je vous invite à aller écouter les podcast de France Culture autour de la "Liberté d'expression, histoire et concept". Mais aussi de visionner les deux courtes vidéos ci-dessous réexpliquant ce qu'est la liberté d'expression (1 jour 1 question) ainsi que ses limites (Les clés des médias).

La caricature

 

Dernier terme qui sera abordé, c'est pourtant celui qui semble le plus cristalliser les débats de ces dernières semaines autour de l'assassinat du professeur S. Paty mais aussi du procès des attentats de janvier 2015 (Charlie Hebdo et Hyper Casher).

Revenons là encore à l'étymologie. Le mot vient de l'italien caricatura, caricare, "charger". Le Petit Robert nous dit qu'il s'agit de "dessin, peinture qui, par le trait, le choix des détails, accentue ou révèle certains aspects (ridicules, déplaisants). Description comique, satirique, par l'accentuation de certains traits".

La caricature est donc un art de la satire qui utilise le trait, le dessin mais aussi la description littéraire, la chanson pour tourner en ridicule, dénoncer, critiquer. C'est aussi un trait culturel forgé par l'histoire française comme le rappel très bien l'article d'Annie Duprat, historienne à CY Cergy Paris Université, paru sur le site The Conversation : "Pourquoi l'art de la caricature est-il sacré pour les Français ?". C'est ce que l'on retrouve avec quelques exemples dans ce dossier du réseau Canopé de l’Éducation national : "La caricature et le dessin de presse" et sur le site Caricatures@caricature.

Enfin je vous invite à aller lire au CDI la BD de Fabrice Erre et Terreur Graphique, Le pouvoir de la satire, qui redonne avec humour les clefs de l'histoire et des codes culturels inhérents à la caricature. Des codes que tentaient déjà de réexpliquer, avec humour, le dessinateur Luz, dans le numéro 1209 de Charlie Hebdo du 23 septembre 2015 en réponse aux réactions indignés d'un dessin de Riss sur la mort d'un jeune garçon migrant sur une plage turque (voir ci-dessous : "Le dessin satirique expliqué au cons -et en particulier aux médias").

 

En souvenir de ces dessinateurs, caricaturistes mais aussi journalistes, gardiens de notre liberté d'expression, ce reportage posthume de la bande à Charlie (Charb, Cabu, Wolinski et Tignous) diffusé sur la chaîne Public Sénat en janvier 2015.